22/06/2016

« Entente » à Bamako, bras de fer entre Gatia et CMA à Kidal

Tandis que les chefs des groupes armés sont tous à Bamako, depuis dimanche, pour entériner le document d'Entente avec le gouvernement et prendre part à l'anniversaire de la signature de l'Accord de paix et de réconciliation. Ce début de semaine a vu un fort regain de tension entre le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) et la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), occultant par là même ce qui se passe à dans la capitale malienne. Le partage de la gestion socio-économique et sécuritaire de Kidal et des villes de la région, semble encore être au coeur des tensions entre mouvements armés à Kidal. Le pillage, de l'entrepôt de vivre du Programme Alimentaire Mondial (PAM), le 6 juin dernier, a été un point d'orgue dans les tensions vives qui règnent entre ces deux groupes. Le Gatia se sentant lésé dans ce partage qui bénéficie majoritairement à la CMA. Depuis, la situation va en se dégradant. Le Gatia a établi deux checkpoints de sécurité autour de Kidal, sur la route venant de Gao et sur celle menant à Tessalit, un autre checkpoint a été dressé à Tessalit. «  À présent ils contrôlent et taxent les camions qui desservent les villes en vivre, les camions qui quittent Gao et surtout ceux qui viennent d'Algérie. Ce n'est pas pour les bloquer, ils les arrêtent et leur font payer des taxes. Ça a fortement déplu à la CMA et ça a rehaussé le niveau des tensions qui existaient déjà déjà entre eux », révèle une source locale. Le Gatia a indiqué que ces checkpoints étaient des mesures de sécurité car le quartier de Kidal qu'ils contrôlent se trouve sur cet axe. Dimanche soir, au plus fort des tensions, des salves de tir à l'arme lourde ont raisonné dans la ville de Kidal, provenant des deux camps. Ces tirs avaient pour but d'intimider l'adversaire et de mettre les armes à niveau, en vue d'un éventuel conflit. Des renforts ont rallié la ville, des deux côtés, et les combattants patrouillaient en tenue et en arme, faisant craindre à la population l'imminence d'un affrontement. Sur place, confrontée à la dure réalité du carème, à la chaleur, à l'absence de courant électrique et aux tensions entre groupes armés, la population ne semblent pas touchée par les tractations des chefs à Bamako. « On en entend parler sur les réseaux sociaux, sinon les gens ici ne commentent même pas ce qui se passe là-bas», indique cet habitant. La préoccupation première de la majorité, c'est qu'il n'y est pas d'affrontement. « Ce qui est en train de se jouer c'est plus un bras de fer entre le Gatia et le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), pour avoir le leadership. Même si les autorités interimaires determineront qui dirigera, il va y avoir des oppositions vives, pour trancher qui de la CMA ou de la Plateforme aura la gestion de la ville. C'est une bataille de poste », confie cet employé d'une ONG locale. À Kidal, les services sociaux ne sont plus présents depuis 2012, il n'y a pas d'école, pas d'hôpitaux, la ville ne connaissait pas ces problèmes avant la crise. « Le retour de l'administration et de l'armée, la majorité des gens le souhaite. Mais la majorité reste silencieuse car elle craint la minorité qui dirige. Dans cette minorité, une petite partie ne souhaite pas un retour de l'État, mais maintenant ils sont perdus. Leur chef, Bilal Ag Achérif, est arrivé à Bamako dimanche, pour participer à l'anniversaire de l'Accord. Depuis, ils disent que Kidal est vendu, et ils n'ont plus d'espoir sur personne. Que ce soit chez les groupes armés ou dans la population, les gens sont devenus fatalistes », conclut cette source. Cet article « Entente » à Bamako, bras de fer entre Gatia et CMA à Kidal est apparu en premier sur Journal du Mali.
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