Le 21 novembre 2000, le Parlement péruvien destitue pour "incapacité morale permanente" le président Alberto Fujimori, marquant le paroxysme d'une crise politique rocambolesque: depuis le Japon où il est en fuite, le chef de l'Etat a pourtant déjà démissionné.
Le détonateur est la diffusion le 14 septembre, par une chaîne câblée, d'une vidéo montrant le chef des services de renseignement (SIN) Vladimiro Montesinos, soudoyant un parlementaire de l'opposition pour qu'il rejoigne le groupe pro-Fujimori au Parlement.
Selon le Premier ministre de l'époque Federico Salas, Montesinos, incité à démissionner après la diffusion de la vidéo, menace Fujimori d'un coup d'Etat.
Le 16 septembre, Fujimori, réélu moins de quatre mois plus tôt, annonce à la stupéfaction générale qu'il convoque de nouvelles élections législatives et présidentielle sans se représenter. Il dissout les services de renseignement.
Montesinos, parti au Panama le 24 septembre pour demander l'asile, retourne au Pérou un mois plus tard. Fujimori prend personnellement la tête de recherches lancées "jour et nuit" pour le retrouver "afin de rassurer le pays qu'il n'est pas en train de préparer quelque chose". Montesinos repart, transitant par plusieurs pays des Caraïbes.
Deux semaines plus tard, Fujimori, en déplacement non programmé au Brunei pour un sommet économique, s'enfuit au Japon, pays de ses parents dont il a la nationalité. Il démissionne par un fax envoyé le 19 novembre depuis un hôtel tokyoïte.
Le président du Parlement enclenche le mécanisme d'approbation de la démission, mais l'opposition initie en urgence une procédure de destitution.
Lui sont reprochés le fait d'avoir abandonné son pays pour annoncer sa démission et ses liens avec Montesinos, accusé de corruption après la découverte de dizaines de millions de dollars sur des comptes suisses.
Après un débat de plus de douze heures, le Parlement décide le 21 novembre de destituer Fujimori "pour incapacité morale permanente", lui interdisant de se représenter aux élections.
Le 22 septembre 2007, après près de sept ans de cavale, l'ancien chef de l'Etat est extradé depuis le Chili, où il était arrivé en novembre 2005.
En 2009, il est condamné à 25 ans de prison pour avoir commandité deux massacres perpétrés en 1991-92 par un escadron de la mort chargé de lutter contre la guérilla maoïste du Sentier lumineux.
En décembre 2017, hospitalisé, il bénéficie d'une grâce "humanitaire" controversée du président Pedro Pablo Kuczynski.
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